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Trying to get a progressive mind.

9 juin 2008

La symbolique.

L'idéal. Un très beau mot. Mais dans les faits, il est totalement dénué de sens. "Une bobine idéale" (oui, bon, le bac S me perturbe) "Mon idéal masculin, féminin"... Moui, ce qui voudrait dire que la perfection existe, ou tout du moins qu'une correspondance exacte est possible. Je me gausse (comme les conditions... Bon, OK. J'arrête les références scientifiques. Pour ceux qui auraient jamais fait de physique en spé, je parle des conditions de Gauss. J'arrête là.). Le simple fait qu'il y ait une correspondance exacte entre deux êtres est impossible à l'échelle humaine (oui, pasque les anticorps et les antigènes... OK, j'arrête).
Trêve de plaisanteries, je hais le mot "idéal" de par son sens, c'est bien beau de poursuivre un "but", mais si on reste dans la quête d'un idéal absolu, on est amenés à se placer d'un côté ou de l'autre d'une barrière, d'un mur, appelez ça comme vous voulez. Mais toujours est-il qu'on se fout des œillères et qu'on reste dans la quête d'UN SEUL but, et ça, c'est ce qu'on appelle "se radicaliser", se focaliser sur un seul but à la con, sans tenir compte des conséquences de nos actions élaborées pour y parvenir. L'idéal, l'absolu... C'est bien beau, tout ça, mais c'est dangereux. Le communisme est un idéal. L'URSS et les goulags sont la recherche de cet idéal. C'est un beau mot. Ouais, ça, y a pas à dire. On est ébloui par l'idéal, et on perd de vue le reste.
C'est quand même beau, de poursuivre un idéal. Ça reste respectable, dans beaucoup de cas. Même si les deux mots "fille idéale"/"garçon idéal" restent quand même d'une conception assez niaise.

D'autre part, je voudrais aussi aborder le "symbolique". J'en ai marre, plus que marre, de voir du symbolique à droite et à gauche. Dans les pubs, dans les œuvres d'art... On en use, on en abuse, on en remet une couche par dessus l'abus. On nous bombarde (pour reprendre un jeu de mots qui m'est venu à l'esprit "abus/obus") de symboles du matin au soir. Au début, on trouve ça beau, bien trouvé... Mais quand c'est trop, c'est trop. On abandonne l'explicite pour pouvoir faire son intellectuel à montrer sa culture et son intelligence à travers huit pauvres emblèmes à la mords moi l'nœud (mais pas trop fort, ça fait mal). Je trouve cet étalage vraiment... insupportable.
Même si le concept est assez beau en soi, je déteste ceux qui prennent quatre vingt cinq symboles pour qu'on ne comprenne plus rien à leur discours. Pour paraître profond. Je trouve ça relativement affligeant.
Je ne revendique absolument pas cette qualité de "profondeur". Je tiens à le préciser.

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2 juin 2008

Apologie de l'écriture

Qu'on est bien le soir... On a tout le temps de mettre par terre, sur papier, ou dans une oreille attentive (mais rare) les idées, les états d'âme, les pensées de la journée. On s'fout quelque part, en espérant pouvoir y rester au calme, on s'immerge dans un profond silence, et on pense. Pendant quelque temps. On le voit passer à côté de nous, à toute allure. Et puis on se décide à se lever pour aller écrire. Et là, deux solutions: soit on a trop d'inspiration et les doigts ne sont pas assez rapides pour nos pensées, soit on revient au calme plat, à une page aussi blanche que le plafond qu'on vient d'observer, à un silence radio aussi épais que celui qu'on vient d'écouter.

Mais bon, on écrit. On regarde ce qu'on vient d'écrire, de penser. On se dit que c'est absurde, et que c'est très mal fait, mais à la fin on prend l'habitude de sa propre médiocrité et on continue, sans relire cette fois, puisqu'on est toujours un peu déçu, quelque part. C'est si net dans la tête, et si flou sur le papier. Et on continue à écrire, pour s'évader. L'écriture laisse place à tout. La poésie, bon on est arrêté par les conventions qui veulent des vers, ou alors au moins des métaphores... La merde. La prose, elle, est beaucoup plus libre. Bien plus libre que la musique et tous ses codes. La musique soulage, apaise, l'écriture libère. La peinture, oui. Mais encore une fois, on doit jouer avec les allégories, et c'est pas que j'aime pas les symboles, mais ça permet pas réellement une expression totalement débridée.

C'est bien tout ça. Mais ce que je connais de plus bénéfique est quand même la pensée. Rien à dire à personne, rien à faire comprendre, juste ça: "penser". Et j'aime ça.

Non, vous ne rêvez pas, j'ai fait ça uniquement pour me détendre, et cet article n'a absolument aucun intérêt. Je sais pas si quelqu'un partage mon opinion.

PS: j'ai jamais dit que je trouvais que la musique et la peinture n'avaient aucun intérêt. J'aime ces arts, mais c'est juste que je me sens mieux quand j'écris que quand je joue ou peinds. Il n'y a que quand j'écris que j'ai cette sorte d'inspiration, de bien-être, presque de plénitude.

Voilà voilà. Aucun intérêt, vous dis-je.
 

27 mai 2008

Jeunesse...

Les jeunes croient qu'ils peuvent changer les choses.
Les jeunes pensent que c'était mieux avant.
Les jeunes portent des vêtements contre le système, vêtements ACHETES dans un magasin
Les jeunes ont, ou croient avoir des convictions politiques.
Les jeunes sont contre tout.
Les jeunes sont pour le changement.
Les jeunes y croient.
Les jeunes ne savent pas écrire - pour la plupart
Les jeunes sont rebelles pour le principe d'être rebelles. Je respecte les autres.
Les jeunes ne savent pas que l'Histoire ne se reproduit pas (prenez ça pour un défi, je rêve de vivre les 70's ou les 60's)
Les jeunes sont identiques
Les jeunes forment des groupes selon leur identité. Enfin presque.
Les jeunes ont la vie devant eux.
Les jeunes ont encore des rêves
Les jeunes veulent les réaliser.
Les jeunes sont fainéants et rêveurs.
Les jeunes croient que pour l'instant il faut manifester pour avoir une vie meilleure.
Les jeunes croient que leurs rêves, c'est pour plus tard.
Moi, j'y crois plus. Mais je reste jeune.

24 mai 2008

Nostalgie?

Comme nostalgique d'une époque que je n'ai pas connue.

      D'une vie que je n'ai pas vécue. Que je ne vivrai jamais. Etrange.

[Le pire, c'est que depuis le temps, j'ai toujours ce sentiment.]

24 mai 2008

Le sexe. Parce qu'il faut en parler.

C'est étrange... D'un côté on a la vision de l'homme - je dirai "de base" - pour qui le sexe est la meilleure chose au monde. De l'autre, celle de la femme - que je qualifierais de "typique", "normale", "pour l'exemple" - pour qui "il n'y a pas que ça", alors qu'elle a un orgasme huit fois plus "puissant".

Ce qui montre bien qu'on a, nous autres les hommes, ce qu'on peut appeler "une vie de merde".

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5 avril 2008

Chapitre Troisième

Cette nuit là, il ne dormit pas. Il écrivit. Il écrivait tout ce qui lui traversait l'esprit, ne cherchant pas à structurer ses propos. Tantôt testament, tantôt roman autobiographique, il écrivait ce qu'il pensait du monde, de lui-même, racontait sa journée, sa nuit, ses états d'âme, il décrivait ses sensations, ses sentiments. Il écrivit jusqu'à ce que la douleur qu'il ressentait au poignet soit insupportable. A ce moment, il signa, reposa le bloc notes et le stylo qu'il avait utilisés, posa la tête sur son oreiller et s'endormit.
Le lendemain, il se réveilla avec un horrible mal de crâne. Il se demanda si la visite de cette femme, « Eva », avait été un rêve, ou s'il s'était vraiment emporté comme il le pensait. Il fouilla ses poches -il avait dormi habillé – et y trouva un morceau de papier chiffonné. Il n'avait donc pas rêvé. Cependant, le bloc notes à son chevet était vierge, immaculé. Pourtant, cette rage créative qu'il avait ressentie la veille lui avait semblé si réelle, si matérielle, qu'il ne pouvait vraisemblablement pas ne pas avoir écrit toutes ces pages; il en ressentait encore une douleur au poignet, certes minime comparée à son horrible douleur au crâne, mais bel et bien présente. Il vit sa fenêtre ouverte, et la ferma. Il décida de sortir un peu, de façon à se dégourdir un peu les jambes. Ce matin là, il commanda un café et un croissant au garçon du café situé en face de chez lui, où il avait remarqué une plantureuse blonde déjeuner plusieurs fois. Il ne s'intéressait pas du tout à elle, ce genre de femme lui déplaisait. Il était simplement curieux. Oui, il était plutôt curieux de la voir d'un peu plus près. Malheureusement, elle ne se présenta pas ce matin-là. Ce n'était que partie remise, pensa-t-il. Soudain, il repensa au bout de papier dans sa poche. Il lui fallait s'excuser pour son comportement de la veille. Il s'empara de son téléphone portable, saisit le numéro et décrocha. Une voix lui répondit:
« Allô? Qui est à l'appareil?
- C'est... Je suis l'homme qui vous a agressée hier, je me suis emporté, je... enfin, c'est... j'ai appelé pour m'excuser.
- Ah... Eh bien... C'est aussi de ma faute. Répondit-elle par simple politesse.
- Non, je tiens à me faire pardonner... Je suis désolé, j'étais sous pression, et je n'ai pas l'habitude d'avoir de la visite...
- Ce n'est pas grave...
- Tenez, je vais vous payer un café, rejoignez-moi cet après-midi au bistrot Le Paris.
- Je ne peux pas accepter... Objecta-t-elle.
- Et pourquoi donc? Rendez-vous au café à 17 heures. »
Elle finit par accepter son offre. Il rentra chez lui, pour vaquer à ses occupations habituelles, jusqu'à l'heure fatidique où il dut se rendre à son rendez-vous. Il ne se regarda pas avant de partir. Il savait qu'il aurait vomi, étant donné l'état de son estomac. Il n'avait jamais autant eu conscience de l'immensité de ses entrailles. Son estomac gargouillait, et il en était ainsi de toutes ses tripes. Il ne savait pas si c'était le stress ou l'excitation. Il n'avait jamais vraiment eu de femme dans sa vie, et il se disait que vivre des aventures d'un soir était irrespectueux et de toute façon inespéré, au vu de son physique. De plus, il se disait qu'il était en train de commettre une erreur, qu'il ne devait pas essayer d'être heureux avec qui que ce fût. Il devait mourir et il ne fallait pas qu'il s'attache à quelqu'un par un quelconque lien. Si sa tête lui ordonnait de ne pas se rendre au bar, ses jambes en avaient décidé autrement: d'un pas mécanique, Éric marchait le long du trottoir de la rue Grange-aux-Belles. Il se retrouva à son rendez-vous, mais seul. Il commanda une bière, et alla s'installer à une table. Il avait remarqué que tout le monde le regardait. Ce devait être à cause de son teint livide, ou le fait qu'il frappait bruyamment la table de ses doigts depuis une dizaine de minutes. Enfin, il vit le visage d'Éva passer la porte dans le filet de lumière qui émanait de la rue. L'atmosphère était sombre, assez tendue, mais quand il vit les traits d'Éva, Éric sentit son cœur se réchauffer quelque peu. Elle commanda un capuccino, et il se leva pour payer sa commande. Il aperçut un sourire sur ses lèvres. Ils revinrent s'asseoir à la table d'Éric, qui engagea la conversation:
« Je suis désolé pour hier... J'ai été un goujat.
- Pas la peine de vous excuser, je comprends parfaitement...
- Je tenais quand même à vous dire que je regrettais mes paroles, mes actes... Ce n'est pas dans mes habitudes, et j'ai l'impression, je suis même sur que nous sommes partis du mauvais pied...»
Un silence s'immisça, où ils se regardèrent dans les yeux, sans dire mot. Cet instant parut une éternité à Éric, qui but une gorgée de bière.
« Comment est-ce que vous vivez? Je veux dire, comment faites-vous pour vivre isolé à ce point?
- Je m'occupe. Je peins, j'écris, je joue de quelques instruments... J'écoute de la musique, aussi. Tout ça me permet de m'exprimer, sans interlocuteur.
- Même si l'art est un bon moyen de s'exprimer, il ne faut pas pour autant se renfermer, se replier sur soi-même, car ça ne remplacera jamais un contact humain, qu'il soit amoureux ou amical...
- Selon moi, l'art est bien mieux que toutes ces fadaises. Ça me permet de m'exprimer à cent pour cent, sans qu'il y ait de réponse pour autant. Je ne cherche pas d'échange, seulement un moyen de me révéler sous mon vrai jour, de me comprendre. L'avis des autres m'importe peu.
- C'est assez peu conventionnel, comme raisonnement.
- Au contraire, le raisonnement est typique, c'est l'application qui l'est moins. Combien de fois ai-je vu des jeunes se prétendant « rebelles » suivre telle ou telle mode? Plus sérieusement, je ne pense pas en tant que rebelle, mais en tant qu'Homme, ce qui est, je pense, plus honorable, même si ça ne me confère aucune fierté. Je me contente d'être. Le plus possible.
- Et qu'est-ce...
- Non, j'en ai assez de parler de moi. J'ai l'impression de devenir égocentrique, voire même prétentieux. »
Il but deux gorgées de bière, puis reprit:
« Vous, comment vivez-vous? » demanda-t-il après une grimace due à une douleur qui l'avait obligé à soutenir sa tête d'une main, coude sur la table, et à se tenir le ventre de l'autre main.
« Vous allez bien?
- Ça va, ça va... Vous ne voudriez pas qu'on se tutoie, plutôt?
- Comme tu voudras...
- Bon, tu ne m'as toujours pas répondu: Comment vis-tu?
- Comment je vis, hein... J'essaie de gagner ma vie en faisant du porte à porte, puis quand je rentre chez moi je mange un pot de glace ou autre chose de sucré, et je m'endors seule devant la télévision. Ça fait stéréotype, mais bon, c'est comme ça. Je me lève le matin, je pars en voiture après un café, je rentre épuisée, les jambes ankylosées. »
Ils se fixèrent tous les deux, et une sorte de compassion mutuelle vint obscurcir leur regard. Chacun vivait le cauchemar de l'autre. Une certaine compassion, avec un soupçon d'admiration. Ils s'observèrent une bonne minute, avant de remarquer les yeux de l'autre. Un peu gênés, ils s'agitèrent sur leurs chaises. Ce fut Éva qui rompit le silence:
« Bon...
- Oui...
- Il faut que je retourne au boulot, moi...
- Oui, bien... Bon courage...
- Merci, à toi, bonne journée...
- Merci, toi aussi... »
Après ces quelques politesses, ils se regardèrent de nouveau dans les yeux, les pensées perdues dans un regard fixe, comme s'ils avaient été déconnectés de leur corps dans cette position, figés dans le temps et l'espace. Éva embrassa Éric sur la joue, et s'en alla, le pas lourd. On eût dit qu'elle transportait un sac rempli de pavés tellement sa démarche était lente et peu naturelle.
Éric, quant à lui, paya la note, laissa un pourboire et s'en alla. Quand il franchit le seul de sa porte, il se rendit immédiatement dans sa chambre, automatiquement, comme si une force le poussait jusqu'à son lit.
Cette nuit-là, il fit d'atroces cauchemars.
Cette nuit-là, il rêva de meurtres.

Fin du chapitre trois. Fin de la publication sur le blog. Je vais tenter de trouver un éditeur pour mon roman. Toute remarque constructive, encourageante ou pas, est intéressante. Faites m'en part si vous en avez l'envie et le temps. Bonne journée, bonne soirée, bonne nuitée.

9 mars 2008

Connaître quelqu'un

Si on vous pose la question "est-ce que tu connais telle personne?" et que le nom de cette personne ne vous est pas inconnu, vous répondrez par l'affirmative. Cela va de soi.

Ce n'est pas contre cet emploi du verbe "connaître" que je vais me rebeller. C'est contre le "jte connais par coeur" ou "comme si je l'avais fait". Comment peut-on affirmer que l'on connaît quelqu'un par coeur? Cela équivaut à dire que la personne dont on parle n'a absolument aucune profondeur, ne cache rien à personne. Or combien de fois est-ce que l'on peut entendre ce genre d'idiotie, de la bouche de quelqu'un qui croit faire plaisir en prononcant ces mots quasiment insultants?

Ce genre de paroles nie tout à fait la personnalité d'une personne, le fait qu'elle puisse avoir des pensées qu'elle conserverait, probablement pour plaire, peut-être parce qu'elles lui semblent mal appropriées à la situation, ou trop horribles pour franchir la frontière entre la pensée et la parole. C'est nier le fait qu'on puisse mener une autre vie qu'une vie relationnelle, finalement assez peu profonde, une autre vie que celle vécue à travers le regard des autres, celle où on réfléchit uniquement à ce que pensera autrui, au lieu de se forger une opinion propre.

On a déjà du mal à se connaître soi-même, comment pourrait-on connaître quelqu'un par-dessus le marché? On vous demande: est-ce que tu pourrais te décrire totalement? On répondra tout naturellement "non". "Est-ce que tu penses connaître untel?" "Je le connais par coeur"... De quel droit peut-on dire ça? J'entends déjà l'argument de la fameuse "objectivité" brandie comme bouclier.

Nous sommes prétentieux par nature, et toute modestie ne peut qu'être feinte. Il faut s'y faire, l'être humain a été créé à partir d'une fierté et d'un égo inégalables.

C'est comme ça. Réagissez.

8 mars 2008

Question.

Est-ce que vous seriez prêts à passer une épreuve mortelle pour qu'on vous accorde de réaliser tous vos rêves jusqu'à la fin de vos jours?
Si oui... Demandez-vous ce que vous feriez de tout ça.
Et surtout, pourquoi vous avez été assez cons pour dire "oui" sans regarder les modalités. On vous a jamais promis nulle part qu'on vous tuerait pas avant que vous ayez pu souhaiter quoi que ce soit.

28 février 2008

Chapitre Second.

Ce matin-là, il s'était levé avec difficulté vers six heures et demie. En retard. Il se doucha, face au miroir. Ça lui était difficile de se regarder dans les yeux. Il avait envie de tourner le dos à son image, à long terme de décrocher le miroir. Par superstition, sans doute, ou peut-être simplement par prudence ou par souci d'économie, il n'avait jamais brisé de miroir, même si son reflet ne semblait attendre que ça. Ce jour-là, il avait supporté son double, se demandant tout de même si ce n'était pas dû à son état de profonde fatigue. Sorti de la douche, il se passa un gant d'eau froide sur la figure. Ce geste eut l'effet d'un coup de fouet. C'était mardi. Le jour le plus difficile de la semaine était passé. Il se regarda une fois de plus dans le miroir. Il était éveillé, à présent. Il se rendit compte du goût affreux du réveil qui avait envahi sa bouche et qui ne le quittati pas même après avoir rincé sa bouche une demi-douzaine de fois. Il lui fallait manger. Il s'installa à table, et réfléchit. De quoi avait-il envie? Après tout, c'était peut-être son dernier repas. Il mangea un peu de fromage sur du pain, avec un verre de jus d'ananas. Il ne se brossa pas les dents. Il n'en avait que faire, de toutes façons il puerait le mort dans un an, irrémédiablement. Les autres, leur regard, leurs regards, il s'en contrefichait à présent. Comme il passait pour une sorte de bouffon,un peu plus ou un peu moins de notoriété lui importait peu. Il sortit, puis rentra. Il partit se laver les dents. Il se retint de cracher sur la glace. Il était devenu un esprit faible, dépendant du regard des gens. Malgré lui, sa vie sociale et associative avait pris une place importante, quoi qu'il pensât de l'être humain. Il avait en lui à la fois cette haine profonde envers l'Homme, mais aussi un altruisme inexplicable, un amour propre plus bas que terre, et une pensée lui venait souvent à l'esprit: il était un paradoxe humain. ll se souciait de ce que disaient les autres à son propos, tout en les haïssant; et, c'était plus fort que lui, en les aimant. Il les haïssait en tant qu'humains, mais les aimait en tant que personnes. Il ne savait pas s'apitoyer sur le sort des victimes de catastrophes naturelles, mais était le premier à aider un ami, pour le peu qu'il en avait, tout en sachant qu'il ne lui rendrait jamais la pareille.

En effet, depuis sa maladie, il avait perdu son humour, il avait mauvaise mine, le teint pâle ou jaunâtre, il était rejetté par beaucoup de ses prétendus amis à cause de sa tristesse. Il était triste, donc il n'avait plus aucune utilité au sein de la communauté: il était accepté grâce à son humour, s'il arrêtait de débiter des idioties et commençait à devenir pessimiste, il ne servait plus à rien. Trente ans, célibataire, une durée de vie d'encore quatre mois maximum. On était fin août, avec un peu de chance il passerait Noël en famille avant de passer l'arme à gauche. Dans tous les cas, son espérance de vie diminuait en même temps que la durée des journées. Comme si un compte à rebours lui rappelait chaque jour que l'échéance approchait. Au fur et à mesure du raccourcissement des jours, il verrait son pessimisme augmenter de façon exponentielle. Même s'il haïssait l'être humain, il aimait la vie. Il n'avait pas eu le temps de vivre. Il avait eu droit à la moitié, voire le tiers du temps qu'on avait accordé aux autres hommes pour vivre. Il avait moins bien vécu. La plupart des personnes de son âge étaient en couple, ou avaient même un ou plusieurs enfants, mais lui n'avait jamais rien connu de toutes ces joies. Il n'aurait personne pour le regretter. Il était trop tard pour chercher. Il se consacrait à ses arts. La littérature, la peinture, la musique - les trois domaines ayant été à la mode chez les adolescents voulant s'affirmer artistiquement, ou même socialement. Ainsi, il mourrait dans son imaginaire, qui serait plus beau que n'importe laquelle des réalités qu'il avait vécues. Tout était possible, là-bas, nulle part. Et à ce moment, il pensait à une chose qui lui paraissait d'une absurdité frappante: une vie heureuse. Il peignait ses rêves, ainsi tout le monde le croyait optimiste, alors qu'il avait depuis longtemps renoncé à une vie si belle, et il sentait qu'il n'allait pas tarder à éprouver le même sentiment à l'égard de sa vie, tout simplement. Chaque matin, son visage transfiguré paraissait de plus en plus mort. Non pas sa maladie, son abandon. La nécrose de son pessimisme envahissait son faciès de façon de plus en plus prononcée, à commencer par ses yeux qui reflétaient toute la morbidité de ses pensées. Il pensait le soir, peignait l'après-midi, pleurait souvent. Il comblait ses temps libres avec la musique. Il écoutait souvent de la musique, car il s'allongeait fréquemment sur son lit, en allumant la radio. Il se posait les mauvaises questions: "pourquoi moi?", au lieu d'essayer de se sortir de son cocon de tristesse. Son état de santé mentale se dégradait progressivement.
Un jour, il reçut la visite d'une femme d'une trentaine d'année, cheveux châtains, yeux verts et regard intelligent, différent des yeux sans expression dont la plupart des femmes étaient dotées. Elle est jolie, pensa-t-il. Mais il ne pouvait pas se permettre de séduire cette femme qui lui demandait à présent s'il était intéressé par une nouvelle cafetière. Son espérance de vie et son physique miteux ne le lui permettraient pas. La femme eut un mouvement de recul quand Eric la regarda dans les yeux. Un regard interrogateur, puis compatissant. Éric lui dit qu'il n'avait pas l'intention d'acheter un quelconque appareil. Elle lui demanda ce qui n'allait pas. Il la remercia de sa sollicitude, et fit un pas vers la porte et amorça un geste pour l'ouvrir. La femme fit quelques pas vers la porte, puis sortit un morceau de papier de sa poche. Elle écrivit une série de chiffres dessus, puis le donna à Éric.
"Si vous vous sentez seul un jour, vous pouvez m'appeler.
- C'est de la pitié que je lis dans vos yeux..." Pas de réponse.
"Est-ce que j'ai vraiment l'air d'une épave?" Elle hésita une fraction de seconde, puis répondit:
"Non, vous avez l'air d'un homme malade, seul pour affronter ça. Après, c'est possible que je me trompe. Je peux m'en aller tout de suite et vous n'entendrez plus jamais parler de moi... Mais toujours est-il que je ne vois pas d'alliance à votre doigt, j'en conclus donc que vous n'avez personne à qui confier vos états d'âme." Éric eut une drôle d'impression, un assez mauvais pressentiment. Il avait un brin de colère qui montait comme une bille le long de sa gorge.
"J'aime la solitude, dit-il d'un ton sec. Elle ne vous trahit pas. Pas besoin de compagnie
- La solitude trahit tout le monde un jour ou l'autre. Ce n'est qu'une question de temps."
Éric explosa. Cette dernière phrase le mit hors de lui. La bouche sèche et les larmes aux yeux, il cria: "Le temps, c'est bien ça qui me manque! Ne m'en faites pas perdre d'avantage! Sortez de chez moi!" Elle s'empressa de sortir, après quoi Éric claqua la porte. Il se mit à pleurer. Un sentiment mêlant rage, désespoir et impuissance noua sa gorge alors qu'il sanglotait, assis, recroquevillé dos à la porte. Il prit le papier chiffonné et lit les lettres rondes.
"Ève"
Ce nom était suivi du numéro de la femme qui avait provoqué les larmes qui coulaient sur ses joues. Pleurer lui faisait du bien. Cela faisait quatre mois qu'il en avait besoin. Quatre mois passés seul dans son appartement, à sortir uniquement pour faire les courses et pour payer son loyer. Il n'avait pas prévenu sa famille afin d'éviter qu'ils se morfondent, qu'ils ne se fassent du souci pour lui. Il voulait partir sans que son entourage ne s'en aperçoive. Il le dirait quelques jours avant l'échéance. Il le saurait quand son heure serait venue. Il souffrirait beaucoup plus durant ses derniers jours que ces derniers jours. Là, il préviendrait sa famille pour la voir une dernière fois avant son dernier soupir. En attendant, il pleurait, en pensant à la vie qu'il n'avait pas vécue, à sa vie qu'il avait passée à être malheureux au lieu de profiter de chaque instant qu'il vivait. Le soir même, il se coucha, tourmenté par ses regrets, par les paroles de la femme, par la pensée qu'il perdait du temps à dormir, un temps qu'il considérait désormais comme plus précieux que de l'or.

23 février 2008

Bien écrire.

Bon, une part de mon intimité, profitez-en, c'est de plus en plus fréquent.
Je voudrais avoir pas mal de qualités, mais celle que je prendrais le plus volontiers, c'est de savoir écrire. J'essaie de faire de mon mieux pour écrire d'une façon à peu près correcte, mais ce que je fais n'est pas beaucoup plus qu'une simple insulte à la langue française (remarquez, je suis pas le plus à plaindre mais bon)

Ce n'est pas de la fausse modestie, c'est juste que je trouve ce que je fais assez, voire très plat, aussi plat que Jane Birkin un jour de soleil (elle a pas de pull quand il fait beau, ce qui enlève du volume). J'écris mal, comparativement à un homme que j'adule, Guy de Maupassant. Pourquoi lui? Parce que jusque là, ce qu'il écrivait ne m'a jamais emmerdé, que ça se lit très bien, et que le genre fantastique est très, TRES dur à développer... Le nombre de textes qu'il a écrits est immense, c'est un monument de la littérature française, quoi que peuvent en dire certains snobs prétendant que l'époque d'or des lettres est le XVIIIème siècle et son classicisme superbement indigeste.

Essayez donc d'écrire du VRAI fantastique, vous verrez à quel point c'est difficile... Le subtil passage du réel au surnaturel est très difficile à maîtriser, et je dois dire que je trouve que Maupassant est le meilleur dans ce domaine.

PS: laissez quelques noms d'auteurs ou d'oeuvres qui pourraient égaler Maupassant... Et par pitié, épargnez-moi le Seigneur des Anneaux... J'en ai plus qu'assez.

PS2 (je sais pas de pub, j'ai pas le choix...ah si, tiens)

NB2: Dans le genre fantastique, un certain "Clive Barker" est selon moi tout bonnement génial, quoi que Britannique. L'histoire, quoiqu'un peu gore, reste excellente.

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